Que les paroles de ma bouche et le murmure de mon cœur soient agréés en ta présence, Seigneur, mon roc et mon défenseur. Amen.
Et bien, bonsoir les saints ! Bonsoir les pécheurs ! Je suis heureux que nous soyons tous ici. Et bonsoir mes concitoyens immigrés ! Permettez-moi de commencer en disant que je suis touché par cette opportunité qui m’est donnée de prêcher à la Convention générale de l’Église épiscopale. Mon épouse Roja et moi-même sommes arrivés dans ce pays il y a 25 ans en tant qu’étrangers venant de l’Inde, d’un partenaire de communion, la Church of South India, et vous, l’Église épiscopale, nous avez reçus avec une grâce abondante ! Des gens comme moi ont leur place dans cette église. Je pense que nous pouvons aider Curry à faire progresser le Mouvement de Jésus. Désolé, c’était de mauvais goût. Mais sérieusement, je prends la parole ici en solidarité avec mes nombreux frères et sœurs d’Asie et d’autres parties du monde qui ne sont pas souvent représentés parmi les dirigeants. Je vous transmets les salutations des saints du Diocèse de Rochester où nous grandissons de nombreuses manières spirituelle, missionnale et même numérique. Il est réconfortant de voir que je suis au milieu de praticiens de l’amour et, tandis que nous sommes imparfaits et que nous avons encore du travail à faire, je crois que nous ne partons pas de zéro. Est-ce ce que vous croyez ?
Et bien, toute réconciliation doit commencer par le repentir. L’histoire de Noé en est l’illustration. Je pense que nous avons eu une inondation subite juste pour nous le rappeler. Et à propos, un simple éclaircissement arbitraire, Jeanne d’Arc n’était pas la femme de Noé. Mais écoutez, écoutez Dieu dans l’histoire de Noé ! « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait ». La génération de Noé a reçu un coup de semonce de Dieu. Et Dieu, qui a placé le signe d’un arc démilitarisé dans le ciel, a donné à Dieu lui-même un coup de semonce pour tolérance zéro et s’est repenti. C’était là le leadership différencié. Si Dieu peut se repentir, les personnes au pouvoir peuvent se repentir et dire pardon, pas nécessairement parce qu’elles avaient tort mais parce qu’elles n’ont pas fait preuve de miséricorde ou qu’elles sont allées trop loin.
Je peux voir au moins trois domaines de repentir et discernement intentionnels dans la réconciliation que nous retrouvons au moins dans les deux dernières Conventions. Le repentir et la réconciliation sur les questions de race, sur les questions de respect de la création et sur les questions de partage de l’Évangile. La réconciliation est une trêve à l’amiable qui rapproche ce qui est en concurrence ou en opposition. Jésus nous en donne le modèle. Écoutez le théologien écossais James Stewart décrire Jésus :
C’était le plus docile et le plus humble de tous les fils de femmes
Pourtant il disait qu’il venait des nuages du paradis avec la gloire de Dieu
Il était si austère que les mauvais esprits et les démons pleuraient de terreur en le voyant
Pourtant il était si affable, sympathique et ouvert que les enfants adoraient jouer avec lui et que les petits se réfugiaient dans ses bras
Personne n’était à moitié aussi gentil ou compatissant envers les pécheurs
Pourtant personne n’a jamais dit des mots aussi brûlants sur le péché
Un roseau froissé il ne casserait pas
Pourtant une fois il demanda aux Pharisiens comment ils pensaient jamais pouvoir échapper à la damnation de l’enfer
Il était un rêveur de rêves et un voyant de visions
Pourtant par pur réalisme austère il bat à plate couture tous nos réalistes auto-proclamés
Il était au service de tous, lavant les pieds des disciples,
Pourtant il entra habilement dans le temple
Et les bonimenteurs et les changeurs de monnaie tombaient les uns sur les autres dans leur ruée folle pour s’éloigner du feu qu’is voyaient briller dans ses yeux.
Il a sauvé autrui mais à la fin il ne s’est pas sauvé lui-même.
Il n’y a rien dans l’histoire comme l’union des contrastes auxquels nous sommes confrontés dans les Évangiles.
Le mystère de Jésus est le mystère de la personnalité divine.
Via Media personnifié. Sécurité et violence armée, particularité et universalité, identité et unité, déclin et croissance. Nouveau Livre de prières, Tout nouveau livre de prière et puis, c’est vrai, il y a des priorités et des douleurs et des passions en concurrence. Réthoriquement, dois-je avoir tort pour que toi tu aies raison ? Il nous faut peut-être nous concentrer sur quelques pratiques qui vont au delà du bien et du mal. Croyez-moi, je pense que la misogynie c’est mal. La haine c’est mal. L’égoïsme c’est mal. L’indifférence c’est mal. L’homophobie c’est mal. Je sais aussi que le Christ nous demande d’être vainqueurs du mal par le bien (Romains 12:21). Regardons donc quelques pratiques de réconciliation de style Christ pour nous aider.
Luc nous le rappelle : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Paroles intemporelles de compassion depuis la croix. L’amour pratiqué depuis le creuset de la souffrance. « J’ai marché avec plaisir sur un mile, elle a parlé tout le long du chemin mais je ne suis pas plus sage d’avoir écouté tout ce qu’elle avait à dire. J’ai marché avec chagrin sur un mile et elle ne m’a pas dit un mot mais, oh, les choses que j’ai appris d’elle, lorsque le chagrin marchait avec moi » ( Robert Browning Hamilton). D’un autre côté, juste pour équilibrer, le Dr Paul Kalanithi, dans son livre From Breath to Air, où il dit : « La souffrance peut nous rendre insensible au chagrin évident des autres ». La réalité est que l’impact de l’Évangile dans la plupart des régions du monde est dû au fait que Jésus est adopté comme la plus grande expression de compassion de Dieu par ceux dont la vie semble par ailleurs ne pas avoir d’importance. Les chrétiens Dalit, par exemple, en Inde qui étaient et sont traités comme des hors-castes, voient l’Évangile comme une libération. Dans Actes chapitre 6, Luc nous dit que l’église a commencé à prêter attention aux veuves invisibles grâce à un plan de personnification compatissante : le diaconat ! Et à propos, avez-vous remarqué que ce sont les ACTES et non pas seulement les INTENTIONS des apôtres ? Dans nos cultures de grossièreté, d’incivilité, de polarisation, de cruauté, de cupidité et de narcissisme normalisés, nous, en tant qu’église, sommes appelés à pratiquer la compassion comme agents de transformation. L’église a grandi, l’église primitive a grandi, en compassion, puis elles ont grandi en nombre. Alors, pratiquons la compassion. Pratiquer quoi ? (la compassion).
L’un des voleurs sur la croix était dans la certitude, provoquant Jésus, mais l’autre voleur était curieux. « Ne crains-tu pas Dieu ? » dit-il. « Cet homme n’a rien fait de mal ». Il était sur la croix et curieux et Jésus aussi ! La saison de la curiosité de l’Église est connue sous le nom de Pentecôte. C’est également la grande démocratisation du discipulat et du leadership chrétiens. Un appel contextuel à ouvrir grandes les portes de l’amour de Dieu à tous, en insistant que tous signifie tous !!! Puisque nous sommes au Texas, peut-être cela signifie-t-il « ya’ll » !
La Pentecôte décrit la curiosité de l’église primitive qui a reconnu l’Esprit Saint chez les païens —Actes chapitre 10. Inviter d’autres mondes suppose une volonté de changer sa propre vue du monde. Lorsque nous invitons une personne qui personnifie la langue des signes américaine par exemple, aidons-les, cela changera comment la communauté bien-aimée vit, écoute, se déplace et a son être. De la même façon, avec les autres langues, lorsque nous faisons une pause suffisamment longue pour écouter et remarquer. Par exemple, dans la langue de ma mère le tamil, qui est une ancienne langue du Sud de l’Inde, l’expression pour au revoir est « Po-yitu va-rain » ce qui signifie « je pars et je reviens ». Ce qui est très différent de « je m’en vais ! » N’est-ce pas ? Il y a une vision du monde dans chaque langue. Et quel cadeau, quel plaisir pour nous d’appartenir à une communauté bien-aimée qui a tellement de diversité. La diversité n’est pas un problème à gérer. C’est l’un de nos plus grands atouts de gestion spirituelle de la communauté bien-aimée. Lorsque deux sur trois sont réunies, la présence du Christ est garantie. Les deux ou trois dans une église qui adopte l’Esprit de la Pentecôte supposent la diversité. La Pentecôte est un appel au mélange des rigueurs de la diversité avec les joies de l’unité. Et ils sauront que nous sommes chrétiens par notre amour, par notre pratique de la curiosité. La curiosité est la meilleure expression du respect, qui est aussi la meilleure forme de l’amour. Alors, pratiquons la curiosité. Pratiquer quoi ? (la curiosité).
Et finalement, le même Jésus qui pratiquait la bienvenue en disant : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau » a dit au voleur curieux : « Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis ». Dans certains milieux, la consternation est grande à propos de qui va aller au paradis et qui ne va pas y aller. Jésus nous a donné une façon de pratiquer le paradis sur terre au travers du cadeau de l’hospitalité maintenant. Je pense que l’hospitalité est le seuil qu’a franchi l’église primitive lorsqu’elle a réconcilié la dualité pureté-pollution dans les aliments en reconnaissant la présence de Dieu en toutes choses. C’est une ancienne dichotomie où toutes les choses avaient leur gradation sur la grille pureté-pollution. Les racines du racisme, du « castéisme », du sexisme, de l’hétérosexualité, ont toutes obtenu leur justification cachée à partir de cette grille pureté-pollution. D’un seul coup, cette hypothèse ancienne est totalement détruite dans une vision : « Ce que Dieu a rendu pur, tu ne vas pas toi le déclarer immonde ». Actes chapitre 10. Des milliers d’années d’épistémologie implosent et l’église devient sauvage et pratique l’amour inconditionnel. L’hospitalité est là où les choses convergent véritablement. Roja et moi aimons avoir des gens à la maison et chaque fois que nous avons des invités, nous nous affairons à nettoyer la maison. Et, de temps à autre, nous nous regardons l’un l’autre et disons : « N’avons-nous pas de la chance d’avoir des invités qui viennent chez nous, autrement nous ne nettoierions jamais la maison ! » Et bien notre âme a besoin de nettoyage. Et l’hospitalité est une façon de faire l’expérience de parcelles de paradis ici même. Nos autels pourraient-ils être plus diversifiés et accueillants ? Et ce qui est le plus important, nos salles à manger et nos cuisines pourraient-elles être plus diversifiées et plus accueillantes ? Pratiquons l’hospitalité. Pratiquer quoi ? (l’hospitalité).
« Que devons-nous savoir d’autre à propos de la pratique de la compassion, de la curiosité et de l’hospitalité ? » Je pense que cela aide à traiter la manière d’aimer de Jésus comme un retour à la base. Je ne peux pas croire que j’ai utilisé une analogie de baseball alors que je pense qu’ils jouent au cricket au paradis. Vous n’êtes pas d’accord, certains d’entre vous ? Je pense que cela aide à réaliser que le changement est difficile et que nous ferons des erreurs. Cela aide à penser que ces pratiques sont un marathon de discernement dynamique. Je pense que cela aide à savoir que ces pratiques peuvent être contre-culturelles et que vous pouvez être mal compris et considéré comme faible. Pour tout cela, il nous faut une régénération spirituelle et c’est là où l’église compte. Permettez-moi de terminer par une histoire.
Lorsque j’étais nouvellement ordonné dans la Church of South India, je m’occupais de villages à peu de chose près dans ce que l’on pourrait appeler le Tombouctou du Diocèse de Madras, et j’avais environ 14 congrégations. Alors je me déplaçais avec ma petite Vespa. L’une des églises n’avait pas de bâtiment. Donc, un après-midi ensoleillé, vraiment étouffant, nous nous sommes réunis pour l’eucharistie sous un tamarin. Un tamarin, c’est un arbre très grand, qui donne beaucoup d’ombre. Et nous étions réunis pour l’eucharistie, j’étais fraichement nommé, je venais d’être fait prêtre, n’est-ce pas, donc j’avais très peu d’idée de ce que je faisais la plupart du temps. Alors, je fais le tour et je distribue le pain puis je prends le calice et je remarque qu’il y a une fourmi qui nage dans le jus de raisin. Alors je vais vers la première personne et je dis : « Le sang du Christ, la coupe du salut. Attention ! » Puis la deuxième personne : « Le sang du Christ, la coupe du salut. Attention ! » Cela m’a pris deux ou trois personnes avant de réaliser ce que je disais ! Puis j’ai réalisé, oui, le sang du Christ, la coupe du salut. Attention ! Car c’est plus qu’un aliment réconfortant. C’est un appel au discipulat et au leadership dans une époque très troublée où les chrétiens comme vous et moi devons nous réveiller et être présents en tant qu’agents d’amour dans un monde affamé d’amour véritable.
Mes amis, à présent conformez-vous à la compassion, la curiosité et l’hospitalité, les trois. Et que la force derrière chacune des trois soit l’amour !
C’est à vous !
Amen
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[Episcopal News Service – General Convention 2018]